Aventure Convoyages : plus qu'un métier, une passion
SONG SAIGON
Cata moteur Joubert-Nivelt 22m


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14 mars 2010, 11:30 heure locale, GMT-4
16°41N / 57° 22E, soit environ 280 miles dans l'Est de Salalah, Sultanat d'Oman.
Nous avançons bon train en ligne droite vers Salalah. Tout va bien à bord, malgré une légère fuite sur le presse étoupe babord qui nous oblige à tirer 5 seaux toutes les 24h. "Not a big deal", je pourrai régler ça une fois arrivés à Salalah.

La récolte de poissons volants a été excellente ce matin : 9 exocets ayant fait une erreur de navigation ont attéri sur le pont. Ecaillés et vidés, ils sont maintenant au réfrigérateur et n'auront qu'à être rapidement roulés dans la farine et frits avant de nous régaler à midi...

Nous ne croisons pratiquement pas de bateaux depuis 3 jours. Par contre, nous entendons maintenant très clairement les "warships" qui donnent directives et instructions aux bateaux empruntant l'IRTC

(International Recommended Transit Coridor) pour passer le Golfe d'Aden. Ce sera notre tour dans 5 ou 6 jours...


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15 mars 2010, Salalah
Nous sommes arrivés dans le port de commerce de Salalah ce matin vers midi, après avoir attendu le feu vert du Port Control au mouillage pendant 4 heures. Je me suis laissé dire que Thalassa avait fait un reportage récemment sur ce grand port de commerce. Ceux d'entre vous qui l'ont vu pourront facilement nous visualiser au milieu de la poussière, du bruit constant, des grues et des containers. Nous ne sommes pas franchement à notre place au milieu de ce port à l'activité frénétique.
Devant nous, la vedette rapide de la police.
Entre eux et nous, les trois pilotines qui font des allers-retours incessant entre leur place et les cargos qui arrivent ou qui partent. Derrière nous, le spectacle assez pittoresque des "dhows" indiens (des cargos en bois d'une soixantaine de metres qui transportent tout et le reste entre l'Afrique, l'Inde et Oman) et de leurs équipages.

De l'autre côté, les grues immenses, et les porte containers.
Et au mouillage entre les deux, quelques voiliers de passage, en route vers l'Asie, qui arrivent du Golfe d'Aden avec des impressions mitigées, certains terrorisés, d'autres complètement dégagés...
Nous devrions quitter ce port en direction de Port Ghalib d'ici quelques jours, entre le 18 et le 20, cela dépendra de l'assurance du bateau et de son feu vert pour nous glisser dans un "group transit" pour passer le Golfe d'Aden.

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17 mars 2010, Salalah
Départ confirmé pour le 20 mars en milieu de journée, arrivée à l'entrée du corridor de sécurité programmé pour le 22 mars à 15h GMT (18 h locale, 14 h en France).
Comme à de nombreuses escales : vivement le large!
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21 mars 2010, Salalah, au mouillage devant le port
Départ reporté à cette nuit vers 1h du matin (le 22 donc) à cause d'un malentendu avec l'assurance qui ne couvre la "war zone" qu'à partir du 21 à minuit une minute en temps universel (TU), soit 3h du matin, et d'un enregistrement auprès du MSCHoA (les autorités maritimes qui surveillent la zone et règlent l'IRTC) à partir du 22 à 15h TU seulement, au lieu de la même heure le 21. Comme la "war zone" et l'entrée de l'IRTC ne sont "qu'à" 145 miles d'ici, nous partirons dans la nuit, tout à l'heure.
A partir de maintenant commencent les choses sérieuses : quarts de veille à deux, et d'une durée de deux heures seulement (au lieu de quarts de 4 heures tout seul comme nous le faisons d'habitude) pour garantir une veille attentive et des esprits alertes. Il ne faudra pas seulement veiller les cargos et tankers devant, mais il faudra veiller tout le monde, dans toutes les directions, ceux visibles à l'oeil nu, comme ceux visibles aux jumelles, ou sur le radar pour les petits rigolos qui navigueraient sans feux de navigation la nuit, et comme les méchants pirates (houuuu!) qui pourraient avoir envie passer inaperçus pour nous surprendre. Mais nous ne sommes pas la gazelle observée par le lion. No souçaille.
En passant la journée d'hier et celle d'aujourd'hui au mouillage devant le port de commerce, nous avons eu le plaisir - et la surprise- de voir un couple de rorquals communs, une belle raie manta sauter hors de l'eau, et ce que je pense être l'aileron ou la caudale d'un marlin bleu, en tout cas un gros aileron, d'une grosse bête, pas un dauphin pour sur, et je ne pense pas un requin (n'empêche que depuis que j'ai vu cet aileron, ma parole, le plongeon du soir pour me rincer du savon, je l'ai fait en 4 secondes et demi! On sait jamais...)
Bye now.
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22 mars 2010, direction l'Aventure
Il est 2h30 du matin en heure locale, donc encore le 21 mars à 23h30 lorsque nous quittons le mouillage de Salalah en direction du Point Bravo qui marque l'entrée Est du International Recommended Transit Coridor. Nous y serons ce soir (le 22) vers 18h. Le ciel est magnifique, d'une clarté superbe, et toutes les constellations sont au rendez vous (enfin, toutes sauf celles qui sont occupées de l'autre côté de l'horizon. Normal. Nous avons deux jours de navigation délicate devant nous et nous y allons confiants en notre bonne étoile.
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24 mars 2010, l'Aventure n'est pas tout à fait finie et d'autres ont eu moins de chance que nous...
Voilà le genre de rencontre que nous chercherons à éviter. Les "mother boats" ressemblent à des pêcheurs "normaux", et servent de base arrière aux pirates qui opèrent depuis leurs speed boats...

Nous sommes sortis de l'IRTC aujourd'hui vers 11 heures TU (14 h locales) avec soulagement. Nous savons toutefois que tout n'est pas joué, et que nous devons rester très vigilants. Mais la veille est maintenant plus aux cargos et tankers qu'aux pirates, que nous espérons restés loin derrière.
Cette navigation dans le corridor de sécurité a été un moment d'intense concentration, parsemé de moments de stress et d'autres de relâchement lorsque nous avions des navires de guerre à portée de vue. Mais commençons par le commencement...
Nous devions arriver au "point Bravo" à 18 heures locales, pour nous joindre au groupe de navires avançant à 10 noeuds. Nous avons donc calculé notre heure de départ en fonction (je me répète?) et nous sommes arrivés à proximité de ce point pile à l'heure, et même avec un petit quart d'heure d'avance. Jusque là, tout va bien... Nous nous sommes dit "ok cool, on est au bon moment au bon endroit..." C'est alors (et c'est François qui m'a rappelé les faits...) que nous voyons, devant nous, en "visuel" et sur le radar, un porte container qui entrait également dans l'IRTC, faire un changement de cap à 90° vers le Sud tout en lançant des appels VHF vers les navires de la coalition dans lesquels il signale des "skiffs" aux intentions douteuses. Il est en fait attaqué, sous notre nez. Son changement de cap et son appel VHF nous mettent en alerte, bien sur. François, bien avisé, décide qu'il vaut peut-être mieux s'éloigner du coin.
Exactemement au même moment, alors que nous faisions notre petit tour d'horizon à deux paires de jumelles, l'un d'entre nous apperçoit dans le soleil couchant, un bateau d'une douzaine de mètres, genre boutre, qui fait route droit vers nous, à contre jour. Hmmmm, ça sent l'arnaque, grave !
François décide donc de piquer plein Sud (au lieu de notre route normale qui était Ouest-Sud Ouest) "pour voir". Bingo, le gredin change sa trajectoire, et se met parallèle à nous, entre le fameux corridor que nous devons prendre et nous, nous en interdisant l’entrée. Mauvaise limonade...
Il est à 6 miles, donc ça va, mais il se rapproche. On met un peu de gaz, change un peu la route, et rebelote, le gredin fait pareil! Ok les choses sont claires, ça commence bien!
Toujours route plein Sud alors que nous devrions maintenant faire de l'Ouest, François met "poignée dans le coin" et le bateau fait parler les chevaux sauvages, avec un ou deux zigzags histoire de voir. Tous feux éteints, intérieur et extérieur, AIS éteint, pratiquement pas de lune, nous sommes invisibles sauf au radar. Un radar dont nous sommes bien sur équipés et qui nous permet de voir que le gars perd du terrain petit à petit. Sur l'écran, nous voyons nettement qu'un groupe de 3 ou 4 cargos en profite pour embouquer le corridor à 10 noeuds, comme nous aurions dû le faire avec eux. La gazelle est isolée!
Mais elle a de la ressource. Après 3 heures à ce rythme, le mauvais boutre ;-) perd du terrain et nous pouvons reprendre notre route Ouest. Sauf que maintenant, nous sommes à une trentaine de miles sous notre route, là où nous ne devrions pas être, au sud du rail "ouestbound" du corridor alors que nous devrions être dans le rail "eastbound". Donc hors zone surveillée. Et pour retourner dans notre rail, imaginez, c'est un peu comme si vous rouliez dans la file de gauche sur une autoroute... Ou comme si vous décidiez de traverser le périph à pieds…
Toujours tous feux éteints et AIS éteint, nous avons donc obliqué vers le Nord Ouest pour rejoindre le bon rail. Un peu en diagonale au début parce qu’il y avait un groupe d’une dizaine de gros cubes qui passaient, puis franchement perpendiculaire pour y passer le moins de temps possible. Et là, ça a été la panique dans le troupeau. Imaginez un peu la scène, vous avez une flopée de cargos et tankers qui viennent de baliser pendant 300 miles, et juste alors qu'ils pensent être tirés d'affaire, ils voient sur leurs radars un machin qui avance à 10 noeuds, au milieu d'eux, tous feux éteints... C'est louche, non? Et vas y que la radio se met à parler "Coalition warship, coalition warship, this is tanker machinchose, reporting suspicious vessel heading 270° with position etc. etc. we require assistance, this is very suspicious..."Oh les gars, on se calme, ce n'est que nous!! A moi de prendre la radio pour rassurer tout le monde, "warship" y compris, qui n'a pas manqué de nous remonter les bretelles, vous roulez à gauche, vous n'avez pas allumé vos codes, pourquoi et tout...
Ben mon gars, quand je t'ai appelé pour te dire que je me faisais courser, t'as pas bougé alors je me suis débrouillé tout seul. Maintenant je me faufile tous feux éteints dans le lot, et je vais continuer comme ça sauf si tu viens m'accompagner. Non mais! "Ok Sir, we understand you have met suspicious activity, please report to the nearest warship on chanel 16 if you see any illegal or suspiscious activity and have a safe journey". Merci m’sieur, mais quand je l’ai fait, ça n’a pas servi à grand chose…

Et la nuit a continué comme ça, avec des appels/avis d'activités suspectes, des bulletins envoyés sur les ondes par les navires de guerre signalant tel groupe de "pêcheurs" ici et là, et nous slalomant au milieu du lot pour regagner au plus vite notre corridor attitré.
Pendant ce temps, à 100 miles de là, exactement là où nous nous trouvions 10 heures avant, un cargo s'est fait attaquer et tirer dessus à coup de FM ou similaire... Son appel de détresse a été entendu par un warship qui s'est rendu sur zone et le cargo en sera quitte pour refaire un peu de mastic et peinture sur les points d'impact...

Et la journée suivante a continué comme ça, avec des bateaux suspect qui nous passaient à proximité, des boutres Somaliens tirant 3 ou 4 speedboats, parfois surveillés par la Marine, parfois non. Parfois visibles au radar, parfois non... Parfois avertis par le cargo nous précédent, parfois non, "isolés de tous au milieu de l'océan hostiiiiiile..." Et toujours, à nous dérouter de quelques miles pour rester invisibles à l'oeil nu dans la mesure du possible, et sans mordre sur les platebandes.
Et la nuit d'après a recommencé le même scénario. A cette différence près que nous étions à ce moment dans la zone jugée la plus dangereuse du Golfe d'Aden, au Nord du milieu de la côte Somalienne. Et à cette différence près que la zone était largement patrouillée par les navires de la coalition anti pirates. Frégates furtives, hélicoptères, Breguet Atlantique venant de Djibouti nous survolant au petit matin, nous avons eu droit à la panoplie totale. C'est tout de même très rassurant de savoir qu'on a un bateau de guère à quelques miles, prêt à intervenir en cas de besoin. Et pour ce que nous avons entendu à la VHF, les gars ne chôment pas. Nous avons compté au moins deux attaques avérées, qui n'ont pas abouti soit du fait des manoeuvres du bateau attaqué, soit du fait de l'intervention rapide de la marine...

Song Saigon, revêtue de sa cape d'invisibilité (mouais, en rodage le premier soir...), est passée entre les mailles du filet des pirates qui écument le Golfe d'Aden.
Il paraît qu'il y en a quelques autres au début de la Mer Rouge, mais maintenant, comme le dit le tee-shirt que m'a offert Calou avant le départ, sur le dos duquel est dessinée une tête de pirate : MPP!
Je vous laisse chercher la signification de ces initiales :-)

A bientôt

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27 mars 2010, Erythrée et mer irritée

Après le Golfe d'Aden, nous avons embouqué le Bab El Mandeb et débouché dans la Mer Rouge. Ce détroit long d'environ 100 miles nautiques a été avalé bon train dans la nuit, poussés que nous étions par un bon vent de Sud et la houle qui l'accompagnait. Nous sommes alors entrés en Mer Rouge, sur les traces d'Henry ou presque...
Décision a été prise de faire une route longeant la côte Erythréenne, et de nous arrêter dans l'archipel d'îles en face de Massawa (Mits'Iwa). Nous avons donc jeté l'ancre à 9h du matin à l'intérieur de Ghubet Mus Nefis, une île assez grande pour abriter une petite mer intérieure. Cette île était il y a bien longtemps le port principal de la mer Rouge. C’est d’ailleurs à ce pays que cette mer devrait son nom : « erythrea », rouge, en grec sauf erreur… Dans la partie nord, le long du chenal naturel d’entrée dans l’île, les ruines d’un village certainement important « antan lontan ». Un peu plus loin, une base militaire soviétique désaffectée. Bien sur, laissée telle qu’elle à l’abandon, avec des carcasses de bâtiments, des bateaux coulés, des grues couchées… Ils auraient pu nettoyer tout de même…
Un peu plus au sud, un superbe mouillage, s'enfonçant comme un coin dans la terre aride et rocheuse sur laquelle quelques arbres rachitiques survivent tant bien que mal.
Petite baignade rapide, vérification des niveaux moteurs, petite sieste, petite marche dans le désert de pierres pour Joël qui a poussé jusqu'au petit village local (il a bu le café dans la case d’une famille accueillante et leur a offert en retour un poisson pêché du jour, deux paquets de cigarettes et une bobine de fil de pêche) et nous avons relevé l'ancre à midi pour reprendre notre route.
Abrités comme nous l'étions dans cette petite crique, nous ne nous sommes pas aperçus que le vent en avait profité pour se lever et souffler du Nord force 4 à 5. Rapidement, nous avons fait route dans une mer pas si forte, mais très courte, avec de petites vagues de 1m à 1m50 grand maximum. A 7 noeuds, Song Saigon montait sur l'une pour retomber avec fracas sur la suivante, rebondir à nouveau et recommencer, plantant ses deux étraves dans d'impressionnantes gerbes d'eau, noyant le pont jusqu'aux vitres du carré, propulsant "l'eau solide" jusqu'au flybridge pourtant haut de 5 mètres au dessus de la mer... Les chocs parfois sourds de la mer sous la nacelle, parfois claquant comme une porte dans le mistral, ébranlaient tout le bateau. Ambiance "shaker dans une machine à laver". Tous les hublots fermés bien sur, et l'homme de quart comme les autres à l'intérieur, sans air, par 35°... Super. Le début de soirée et la nuit se sont passés ainsi, et le vent a commencé à mollir ce matin.
Nous avons maintenant retrouvé une mer nettement plus agréable, et un petit vent de 15 nds, parfois 20 mais rarement.
Nous sommes maintenant à 50 miles au large des côtes du Soudan, à une centaine de miles au Sud Est de Port Soudan, en route directe vers Port Ghalib que nous devrions atteindre le 30 en fin d'après midi.
J'aurai alors le plaisir de poster quelques photos et vidéos de cette dernière étape...

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30 mars 2010, Port Ghalib, Egypte
A nous Louxor, les pyramides, le Sphynx, le Caire, le ma'asl dans le narguilé... Nous sommes arrivés à Port Ghalib!
Depuis Massawa, le vent a été contraire, comme les courants, et la navigation ces derniers jours a été la plus pénible de tout ce convoyage. Mais nous sommes arrivés avec Song Saigon en un seul morceau et tout son équipage au complet ce matin à 8h45 dans la toute nouvelle marina de Port Ghalib.
Vous m'excuserez de ne pas m'étendre sur le sujet ce soir, le bar en face offre le "happy hour" (buy one, get one free...) et nous avons du retard à rattraper :-D

1er avril : fin de l'aventure pour Joel et moi, François reste à bord pour l'instant
Joel a débarqué hier, je débarque demain, et François continue avec le propriétaire (bien arrivé ce jour) pour le passage de Suez vers la Méditerrannée.
Une nouvelle page qui se tourne, en attendant le début du prochain chapitre :-)
Retour à Vancouver dans les prochains jours et reprise du cours normal de mes activités avec Aventure Voyages

 

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